L’écologie et
la lampe à huile

 «Si on vous écoutait, les Charentais reviendraient à la lampe à huile : vous êtes contre le progrès !»

Habituel procès en obscurantisme visant à fermer le débat. Une nouvelle fois, ouvrons-le. Si vous entendez par progrès la vision philosophique du XIX^e siècle : une croyance partagée par une majorité et annonçant une humanité devenant de jour en jour meilleure et heureuse par la foi naïve en la loi du progrès, permettez-nous d’exercer notre droit à la critique. 

Alors que foi dans le progrès et industrialisation s’épanouissaient, naissait l’écologie. Du dernier tiers du XIX^e siècle à aujourd’hui, celle-ci s’est livrée et se livre encore à un travail d’analyse scientifique du réel. Mobilisant un très grand nombre de disciplines différentes, elle accumule des connaissances très spécialisées et localisées, mais en même temps elle nous permet d’accéder à la compréhension du fonctionnement de l’ensemble grâce notamment à la science des écosystèmes. Et que nous dit l’écologie scientifique ? Les humains appartiennent à la biosphère, leurs activités techniques et leur modèle de développement les transforment en agents géologiques susceptibles de faire basculer le système Terre. Le pire n’étant pas certain, l’affirmation selon laquelle l’innovation technologique est toujours gage de progrès humain reste à débattre.

Face à cette réalité la société s’est emparée de l’écologie scientifique. Avec le temps a émergé une écologie « pour et par tous » qui interroge l’héritage de l’idée de progrès. L’approche est culturelle et planétaire. Elle valorise la recherche scientifique permettant de faire évoluer l’usage des sciences et des techniques au bénéfice de la nature, humains compris.

Pendant ce temps, l’économie financiarisée et les technosciences ont enfanté d’un économisme riche de croyances, de dogmes, propres à rendre sourd et aveugle à la réalité du monde.

Ainsi, par un renversement intellectuel étonnant, les apôtres de cet économisme dominant, dont de nombreux politiques, font un procès en obscurantisme à ceux qui renouvellent les idées de progrès et d’humanisme en rendant compte de ce qui caractérise notre façon d’habiter le monde.